Verlaine, Paul

Mes prisons - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Rue Chaptal. Presque au coin de la rue Blanche, à droite en venant de Notre-Dame de Lorette. Une grille monumentale sur une cour pavée, menant au réfectoire de la pension L... A main droite, une petite porte donnant accès à l'intérieur de l'établissement, aux côtés de laquelle, accrochés, deux panneaux noirs portaient en lettres d'or les sciences et arts divers enseignés dans l'établissement.

Louise Leclercq - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Il n y a guère de mélancolie plus épaisse, de tristesse plus lourde que la pensée de vivre dans ces énormes maisons de plâtre, à cinq et six étages, avec leurs innombrables volets gris, comme des poitrines de squelettes à plat sur le blanc sale du mur, de l'ancienne banlieue parisienne. Je parle plus spécialement des quartiers paisibles, honnêtes, où la bâtisse a prospéré grâce aux locataires bons payeurs, où ont pu se former de très longues rues sans air et sans soleil.

Mes hôpitaux - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Moins facile, sinon moins courageuse la seconde épreuve supportée. Au palais duretcru, mais comme protecteur ont succédé des baraquements, sapin et briques, à l'instar, paraît-il, des hôpitaux volants américains. L'extérieur ressemble passablement à quelque abattoir, dedans c'est l'architecture d'une chapelle méthodiste ; il n'y manque que des citations de saint Paul sur écriteaux blancs accrochés aux murs de bois verni. On dirait aussi du kursaal d'une station balnéaire nouvellement installée. C'est deux jours après la Toussaint.

Sagesse - Verlaine, Paul - Bibebook cover

C'est la fête du blé, c'est la fête du pain - Aux chers lieux d'autrefois revus après ces choses ! - Tout bruit, la nature et l'homme, dans un bain - De lumière si blanc que les ombres sont roses. - L'or des pailles s'effondre au vol siffleur des faux - Dont l'éclair plonge, et va luire, et se réverbère. - La plaine, tout au loin couverte de travaux, - Change de face à chaque instant, gaie et sévère.

Amour - Verlaine, Paul - Bibebook cover

UN VEUF PARLE : Je vois un groupe sur la mer.- Quelle mer ? Celle de mes larmes. - Mes yeux mouillés du vent amer - Dans cette nuit d'ombre et d'alarmes - Sont deux étoiles sur la mer. - C'est une toute jeune femme - Et son enfant déjà tout grand - Dans une barque où (ou) nul ne rame, - Sans mât ni voile, en plein courant... - Un jeune garçon, une femme ! - En plein courant dans l'ouragan ! - L'enfant se cramponne à sa mère - Qui ne sait plus où, non plus qu'en ..., - Ni plus rien, et qui, folle, espère - En le courant, en l'ouragan.

Bonheur - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Après la chose faite, après le coup porté - Après le joug très dur librement accepté, - Et le fardeau plus lourd que le ciel et la terre, - Levé d'un dos vraiment et gaîment volontaire, - Après la bonne haine et la chère rancœur, - Le rêve de tenir, implacable vainqueur, - Les ennemis du cœur et de l'âme et les autres ; - De voir couler des pleurs plus affreux que les nôtres - De leurs yeux dont on est le Moïse au rocher, - Tout ce train mis en fuite, et courez le chercher !

Les mémoires d’un veuf - Verlaine, Paul - Bibebook cover

J'entreprends de décrire aussi minutieusement que possible quelques-uns de mes rêves de chaque nuit, ceux, bien entendu, qui m'en paraissent dignes par leur allure arrêtée ou par leur évolution dans une atmosphère quelque peu respirable à des gens réveillés. Je vois souvent Paris.. Jamais comme il est. C'est une ville inconnue, absurde et de tous aspects. Je l'entoure d'une rivière étroite très encaissée entre deux files d'arbres quelconques. Des toits rouges luisent entre des verdures très vertes.

Parallèlement - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Extrait : Un très vieux temple antique s'écroulant - Sur le sommet indécis d'un mont jaune, - Ainsi qu'un roi déchu pleurant son trône ; - Se mire, pâle, au tain d'un fleuve lent ; - Grâce endormie et regard somnolent, - Une naïde âgée, auprès d'une aulne, - Avec un brin de saule agace un faune - Qui lui sourit, bucolique et galant. - Sujet naïf et fade qui m'attristes, - Dis, quel poète entre tous les artistes, - Quel ouvrier morose t'opéra, - Tapisserie usée et surannée, - Banale comme un décor d'opéra, - Factice, hélas ! comme ma destinée ?

Chansons pour elle - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Que ton âme soit blanche ou noire, - Que fait ? Ta peau de jeune ivoire - Est rose et blanche et jaune un peu. - Elle sent bon, ta chair, perverse - Ou non, que fait ? puisqu'elle berce - La mienne de chair, nom de Dieu ! - Elle la berce, ma chair folle, - Ta folle de chair, ma parole - La plus sacrée ! --- et que donc bien ! - Et la mienne, grâce à la tienne, - Quelque réserve qui la tienne, - Elle s'en donne, nom d'un chien ! - Quant à nos âmes, dis, Madame, - Tu sais, mon âme et puis ton âme, - Nous en moquons-nous ? Que non pas !

Liturgies intimes - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Moi qui ne suis qu'un brin d'hysope dans la main - Du Seigneur tout-puissant qui m'octroya la grâce, - Je puis, si mon dessein est pur devant sa face, - Purifier autrui passant sur mon chemin. - Je puis, si ma prière est de celles qu'allège - L'Humilité du poids d'un désir languissant - Comme un païen peut baptiser en cas pressant, - Laver mon prochain, le blanchir plus que la neige. - Prenez pitié de moi, Seigneur, suivant l'effet - Miséricordieux de vos mansuétudes, - Veuillez bander mon cœur, cœur aux épreuves rudes.

Pages