Verlaine, Paul

Romances sans paroles - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses. - De cette façon nous serons bien heureuses, - Et si notre vie a des instants moroses, - Du moins nous serons, n'est-ce pas ? deux pleureuses. - O que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes, - A nos vœux confus la douceur puérile - De cheminer loin des femmes et des hommes, - Dans le frais oubli de ce qui nous exile. - Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles - Éprises de rien et de tout étonnées, - Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles - Sans même savoir qu'elles sont pardonnées.

Jadis et naguère - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Ce n'est plus le rêveur lunaire du vieil air - Qui riait aux aïeux dans les dessus de portes ; - Sa gaîté, comme sa chandelle, hélas ! est morte, - Et son spectre aujourd'hui nous hante, mince et clair. - Et voici que parmi l'effroi d'un long éclair - Sa pâle blouse a l'air, au vent froid qui l'emporte, - D'un linceul, et sa bouche est béante, de sorte - Qu'il semble hurler sous les morsures du ver.

Dans les limbes - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Dernière était au coin de la basse maison - Tout rouge -- la tuile et la brique y fourmillent - (Vis-à-vis le gazon bordé de camomille) - Qui sert de local à des services divers. - Là l'heure ayant sonné de son timbre pervers, - Nous enjoignant de nous séparer tout de suite, - Hélas ! avant qu'hélas !

Fêtes galantes - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Votre âme est un paysage choisi - Que vont charmants masques et bergamasques, - Jouant du luth et dansant et quasi - Tristes sous leurs déguisements fantasques. - Tout en chantant sur le mode mineur - L'amour vainqueur et la vie opportune, - Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur - Et leur chanson se mêle au clair de lune, - Au calme clair de lune triste et beau, - Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres - Et sangloter d'extase les jets d'eau, - Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Élégies - Verlaine, Paul - Bibebook cover

A mon âge, je sais, il faut rester tranquille, - Dételer, cultiver l'art, peut-être imbécile, - D'être un bourgeois, poète honnête et chaste époux,A moins que de plonger, sevré de tout dégoût, - Dans la crapule des célibats innomables.

Odes en son honneur - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Tu fus une grande amoureuse - A ta façon, la seule bonne - Puisqu'elle est tienne et que personne - Plus que toi ne fut malheureuse - Après la crise de bonheur - Que tu portas avec honneur, - Oui, tu fus comme une héroïne, - Et maintenant tu vis, statue - Toujours belle sur la ruine - D'un espoir qui se perpétue - En dépit du Sort évident, - Mais tu persistes cependant.

Les poètes maudits - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Les Poètes maudits fut publié une première fois en 1884. Les commentaires éclairés de Paul Verlaine, qui fréquentait personnellement ces auteurs, se ponctuent d'anecdotes de première main. Dans ce texte, il écrit à propos de 6 auteurs qu'il estime talentueux, mais qui n'ont pas été reconnus à leur juste valeur (Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle-Adam et Pauvre Lelian). Extrait : Nous avons eu la joie de connaître Arthur Rimbaud.

Poèmes saturniens - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Extrait : Dans ces temps fabuleux, les limbes de l'histoire, - Où les fils de Raghû, beaux de fard et de gloire, - Vers la Ganga régnaient leur règne étincelant, - Et, par l'intensité de leur vertu, troublant - Les Dieux et les Démons et Bhagavat lui-même, - Augustes, s'élevaient jusqu'au néant suprême, - Ah !

Parallèlement - Verlaine, Paul - Bibebook cover

Extrait : Un très vieux temple antique s'écroulant - Sur le sommet indécis d'un mont jaune, - Ainsi qu'un roi déchu pleurant son trône ; - Se mire, pâle, au tain d'un fleuve lent ; - Grâce endormie et regard somnolent, - Une naïde âgée, auprès d'une aulne, - Avec un brin de saule agace un faune - Qui lui sourit, bucolique et galant. - Sujet naïf et fade qui m'attristes, - Dis, quel poète entre tous les artistes, - Quel ouvrier morose t'opéra, - Tapisserie usée et surannée, - Banale comme un décor d'opéra, - Factice, hélas ! comme ma destinée ?

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